, Turkey -
Lives and work : Istanbul
Nationality : Turque

Gülsün Karamustafa se définit elle-même comme une artiste stambouliote ; son identité artistique est étroitement liée à la ville où prend place le processus de création. Istanbul n’a cependant pas toujours été choisie librement par l’artiste. Ses activités politiques alors qu’elle est étudiante à l’Académie des Beaux-Arts d’Istanbul attirent l’attention du régime militaire ; elle est arrêtée et même brièvement emprisonnée au début des années 70. Pendant près de 16 ans, Gülsün Karamustafa ne pourra quitter la Turquie, les autorités refusant de lui délivrer un passeport valide. Les possibilités d’exposer à l’étranger et de parler de son travail se voient dès lors très restreintes.
L’isolement et le manque d’échange avec l’étranger dus à la situation politique en Turquie après le coup d’état de septembre 1980, conduisent l’artiste à explorer des sujets très personnels ainsi que des thèmes de société inhérents à sa ville de résidence ; l’exode rural, le nomadisme, l’exil et les questions d’identité culturelle et d’acculturation qui en découlent.
Dans les années 70 et 80, l’artiste développe une peinture narrative et figurative originale où l’on retrouve des références au contexte culturel contemporain. Les personnages sont mis en scène dans des situations du quotidien. L’artiste y met en évidence les changements culturels et sociaux provoqués par l’important exode des campagnes vers Istanbul. Certaines de ses premières oeuvres peintes sont directement liées à son expérience personnelle (emprisonnement, vie sous un régime dictatorial…) et agissent à la manière d’un journal intime.
Par la suite, Gülsün Karamustafa expérimente d’autres techniques et supports. Elle récolte des objets chez des migrants qu’elle intègre à ses installations (vêtements, objets de style oriental, couvertures, pièces d’art traditionnel islamique…) ainsi que des documents d’archives (illustrations, photographies…) – dont certains provenant de ses archives familiales – qu’elle démantèle et réassemble pour les inclure dans ses installations.
A partir des années 2000, la vidéo devient un médium essentiel. Ses films oscillent entre réalité et fiction et ont un caractère presque documentaire. L’artiste fait preuve d’une grande constance dans les thématiques abordées : elle traite les mêmes sujets encore et encore, afin d’en exprimer toute la complexité et les multiples facettes.
Gülsün Karamustafa explore de manière poétique mais résolument critique, les réalités sociales de son environnement, de sa ville au croisement de deux continents et d’une multitude de cultures. Par ses oeuvres, elle nous incite à voir à quel point nos cultures se rejoignent.

Expositions: